Musique et Danse

Rédigé par Noémie Bailly et Alice Lopez

 Sans doute n’est-ce pas pour rien qu’au sein des conservatoires se mêlent à la musique, les arts dramatiques et surtout la danse. La notion de composition telle qu’on l’entend aujourd’hui en musique est relativement tardive, le terme apparut pour la première fois en 1120 dans le Psautier d’Oxford, où il se rapporte à l’action d’assembler différents éléments en un tout. Il n’est utilisé comme se rapportant à une oeuvre musicale qu’à partir de 1508, L’acte de composition est alors compris comme : “mise en forme de matériaux préexistants, manipulés, combinés, agencés par un artisan-démiurge, maître reconnu d’un savoir-faire hérité, qui fait littéralement œuvre de trans-formation”. En ce qui concerne la danse, la notation actuelle est bien plus tardive, même si les premières annotations de mouvement commencent au moyen-âge. Il faut ensuite attendre le XXe siècle pour que l’écriture du mouvement se stabilise et s’internationalise.

Nous avons tout d’abord, au vu de ces différences qui ne cachent que plus de ressemblances, voulu questionner le lien entre musique et danse. Puis au fur et à mesure de nos entretiens nous nous sommes aperçus que celui-ci avait quelque chose d’évident et que ce qui questionnait plus les deux domaines d’une manière similaire c’était la notion de tradition ou encore d’authenticité. Les musiciens et danseurs - soucieux de donner une vision de la musique qu’ils jouent comme elle est pratiquée au pays, ou bien l’inverse des artistes qui cherchent la confrontation et les mélanges - ont abordés ces thématiques.

La tradition en anthropologie est une notion rendue délicate pour beaucoup de raison. Tout d’abord elle a eu dans l’histoire de la discipline une place privilégiée pendant longtemps, alors qu’il s’agissait d’étudier ailleurs des sociétés qui avaient des vraies, des persistantes traditions. L’anthropologie alors n’était rien de plus, ou de moins, que l’étude des traditions de ces peuples lointains géographiquement. A cela s’opposait la modernité qui caractérisait apparemment plus « nos sociétés », les sociétés européennes ou occidentales. Cette dichotomie géographique et évolutionniste a aujourd’hui été mise de côté dans les sciences sociales mais persiste dans certains discours dont profite certains partis politiques. Le Front national en a fait son cheval de bataille, faisant de la tradition un étendard des valeurs « françaises » pour lutter contre les migrations non désirés (Afrique noir, pays orientaux). Toutes ces raisons rendent ce termes délicat et surtout prêt à controverses.

 

Gerard Lenclud - dans son article « la tradition n’est plus ce qu’elle était… » présent dans la revue terrain anthropologie et sciences humaines – écrit que la tradition n’est peut-être pas tant l’apanage de ces sociétés dites sans histoire. Au contraire il explique qu’on a rarement vu une société comme la nôtre, obnubilée par la mémoire, la conservation du savoir au point de passer plus de vingt ans de vie à l’apprendre et à lui dédier des espaces : les musées. Et c’est, dans cette même société qu’on nous demande aujourd’hui de travailler avec le CMTRA qui cherche à reconnaître et valoriser les musiques traditionnelles y compris dans leur dimension vivante et les métissages. Nous souhaitons dans la ligné du CMTRA -qui interrogé à sa manière la "tradition"- proposer une réflexion sur cette question de l’authenticité et de sa perceptions par les pratiquants de ces musiques traditionnelles.  

 

Pour voir notre vidéo: